Le déficit des intermittents n’existe pas
Ci-joint cet article de Sam Churin publié dans Libé, qui entretient l’espoir d’un véritable débat pour une fois pas occulté par « l’idéologie du déficit ».
L’intervention des deux Ministres (Culture et Travail) est déterminante, mais ne nous y trompons pas, il faudra malgré tout se battre durement à l’automne ; les forces adverses (MEDEF
Medef (CAC 40)
MEDEF
Medef (CAC 40)
MEDEF ( Mouvement des Entreprises de France ), représentant essentiellement les entreprises du CAC 40 (!) :
55 Avenue Bosquet - 75007 - Paris
Téléphone : 01-53-59-19-19
, CGMPE, Cour des comptes, médias soumis, syndicalo et socio-traitres de tous poils...) ne resteront pas l’arme au pied. C’est une première victoire, mais il nous faut tout de même continuer à fourbir nos armes !
La lutte continue !
Christophe Jaillet
Le déficit des intermittents n’existe pas
18 mars 2013 à 19:06 - Par Samuel Churin
C’était le 26 juin 2003. Historique. Un protocole d’accord était signé pour
réformer le régime spécifique d’assurance chômage des intermittents du
spectacle. Cette déflagration dans le monde de la culture en avait entraîné
d’autres : l’annulation de tous les principaux festivals, dont le plus
célèbre de tous, celui d’Avignon. En cinquante-six ans d’existence, jamais
pareille chose ne s’était produite. Même en 68, Jean Vilar avait réussi tant
bien que mal à ne pas l’annuler. C’est dire à quel point la blessure était
profonde. Les commerçants d’Avignon avaient même porté plainte pour un
manque à gagner estimé à 23 millions d’euros. Cette réforme qui allait
exclure les plus fragiles d’entre nous avait été décidée pour réduire un
prétendu déficit. Cet argument allait être repris partout et par tous,
médias et politiques. Certains n’étaient pas d’accord avec la méthode,
d’autres critiquaient les solutions, mais tous s’accordaient à reconnaître
ce fameux déficit.
Dès juillet 2003, nous, les principaux concernés, avons affirmé, preuves à
l’appui, que ce déficit n’existait pas, que c’était de la pure idéologie.
Pendant dix ans, nous avons répété les mêmes arguments, nous avons reçu le
soutien de nombreux chercheurs, économistes, maîtres de conférence, nous
avons convaincu des députés et sénateurs de tous bords politiques, nous
avons participé à des dizaines de débats, rien n’y a fait. Le ver était dans
le fruit, le déficit admis comme un postulat, impossible à contredire. Pour
démonter l’argument, il faut quinze minutes. Ce temps-là, aucune émission de
télé ou de radio ne le donne.
C’était sans compter sur la puissance d’Internet. Nous avons donc décidé de
poster deux films [1], Ripostes numéro 1 et Ripostes numéro 2, pour expliquer encore et encore. Le premier, pour démontrer que le déficit n’existe pas ; le deuxième, comme un droit de réponse aux nombreux reportages sur les intermittents du spectacle. Ces deux films ont connu un succès inespéré.
C’était le 26 février 2013. Historique. Aurélie Filippetti, ministre de la
Culture, et Michel Sapin, ministre du Travail, étaient auditionnés à
l’Assemblée nationale devant la mission d’information parlementaire sur les
conditions d’emploi dans les métiers artistiques. L’une et l’autre ont battu
en brèche l’argument du prétendu déficit en reprenant nos arguments.
Notamment en affirmant qu’il y a confusion entre comptabilité analytique et
déficit et qu’il n’y a pas lieu d’identifier une catégorie de bénéficiaires
: ce serait aussi absurde, a dit Michel Sapin, que de calculer le rapport
entre les dépenses et les recettes pour les salariés en CDD, lequel
afficherait alors un « déficit » de 5 milliards d’euros bien supérieur à celui
des intermittents du spectacle.
Au bout de dix ans de lutte, cette victoire n’est pas mince : deux ministres
viennent de se prononcer officiellement contre le discours dominant,
l’argument choc qui a justifié une réforme injuste et inadaptée, l’analyse
médiocre et infondée produite encore récemment par la Cour des comptes.
Mais cette victoire ne doit pas rester symbolique : le déficit étant
toujours l’argument utilisé dans n’importe quel domaine pour réformer à la
baisse. Même s’il était fondé, on pourrait trouver des solutions pour
améliorer les recettes en cherchant d’autres sources de financement. Non.
C’est toujours la variable humaine qui sert d’ajustement. Autrement dit, on
rend pauvre des gens qui étaient déjà très fragiles.
Aujourd’hui, plus de 8,5 millions de personnes vivent en France sous le
seuil de pauvreté. Cette réalité est indigne d’une des plus grandes
puissances économiques du monde. Aujourd’hui, plus d’un chômeur sur deux
n’est pas indemnisé, 80% des embauches se font en CDD, la discontinuité de
l’emploi est donc une réalité massive. Aujourd’hui, il est obscène de voir
le président (PS) du conseil général de l’Ariège se vanter de faire la
chasse aux fraudeurs du RSA quand on sait que le RSA est en moyenne de 400 euros par mois et que l’économie réalisée par le non-recours aux droits (5
milliards d’euros non réclamés pour le RSA) est bien supérieure au coût de
la fraude des allocataires. Aujourd’hui, le gouvernement, les politiques,
les gestionnaires de Pôle Emploi
Pôle emploi
Pôle emploi, regroupement de l’Anpe et des Assédic :
Comment obtient-on un numéro d’objet ?
doivent prendre des mesures urgentes. Il
est urgent de trouver des modes de contributions généralisées à l’ensemble
des richesses produites, l’emploi qui ne cesse de décroître ne peut plus
financer à lui seul la protection sociale. Il est urgent de ne plus
considérer la personne en situation de pauvreté ou de précarité comme un
profiteur, un tricheur, un fainéant et un assisté. Il est urgent de passer
d’une société de défiance à une société de confiance. Encore un effort Mme
Filippetti, M. Sapin et vous pourrez tourner le film Ripostes numéro 3 à
notre place.
CIP-IdF
CIP-IdF
CIP
CIP-IdF ( Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile-de-France ) :
Permanence CAP Les lundis de 15h00 à 18h00,
01 40 34 59 74
Café de la Commune Libre d’Aligre (CLA) : 3 rue d’Aligre - 75012 - Paris, Sites associés ..
:
13 Boulevard de Strasbourg - 75010 - Paris
Métro : Strasbourg Saint-Denis ou Château d’Eau
Tel : 01 40 34 59 74