AgC 3075 [Infos-Interm.]
De l’exception culturelle à l’exécution culturelle ?

vendredi 14 décembre 2007, par AgC
Dernière modification : dimanche 7 février 2010

Zoom : Communiqué du cinéma des cinéastes 21-11-2007

Vers une remise en cause de la politique de soutien
à la diversité culturelle et à la création

Les organisations professionnelles de l’audiovisuel rassemblant les auteurs, les producteurs, les artistes-interprètes, les agents artistiques et les industries techniques s’inquiètent profondément des orientations de la politique audiovisuelle du Gouvernement et de l’entreprise de dérégulation qui semble s’engager.

Elles regrettent vivement que le combat pour la diversité culturelle, qui avait pu réunir toutes les majorités politiques depuis plus de 10 ans et qui avait abouti à la ratification l’an dernier de la Convention de l’UNESCO pour la diversité culturelle, soit battu en brèche et sacrifié à l’augmentation de la valorisation boursière des télévisions commerciales. Elles en veulent pour preuve le recul inadmissible du Gouvernement et le report à une date indéterminée de la publication du décret devant consolider les obligations patrimoniales des diffuseurs, malgré les engagements clairs, précis et définitifs qui avaient été pris.

Les organisations professionnelles de l’audiovisuel regrettent cette reculade qui va fragiliser le financement de la création en laissant perdurer des abus manifestes de certains diffuseurs. Ce dévoiement de l’ambition culturelle et audiovisuelle de notre pays est d’autant plus grave qu’il traduit un mépris pour le Parlement qui avait adopté une disposition tendant à consolider ces obligations patrimoniales des diffuseurs à l’unanimité dans la loi sur la télévision du futur du 5 mars 2007 et en contrepartie du canal bonus qui avait été attribué à TF1, M6 et Canal+. Ce soutien aveugle aux grandes chaînes commerciales constitue une rupture dans la politique audiovisuelle de la France qui repose sur une vision fausse, inexacte et injuste de la réalité des diffuseurs et de leur environnement juridique.

Le cadre réglementaire dans lequel évoluent les diffuseurs leur a permis de se développer de manière continue : la gratuité des fréquences, l’ouverture de la publicité aux secteurs interdits ou encore la prolongation automatique des autorisations d’émettre sont autant de dispositions extrêmement bénéfiques et positives pour les opérateurs privés. Loin de permettre un nouvel élan pour la création française et européenne, l’allégement de la réglementation en faveur de la diversité culturelle encouragerait davantage encore les diffuseurs privés à se transformer en porte-avions des séries et des films américains et à ne plus investir dans les talents nationaux.

L’abandon programmé de l’ambition culturelle de la politique audiovisuelle française fait également fi du poids économique de l’industrie audiovisuelle qui permet de renforcer l’attractivité des régions mais aussi de contribuer à leur dynamisme économique et à l’emploi.

Aussi, les organisations professionnelles de l’audiovisuel attendent du Gouvernement et du Président de la République qu’ils tiennent les engagements qui avaient été pris en faveur des obligations patrimoniales des diffuseurs. Elles demandent également que des garanties leur soient données pour que les réformes envisagées se fassent autour d’un calendrier cohérent et d’objectifs équilibrés et ambitieux qui remettent réellement au coeur des réflexions le soutien à la création et à la diversité culturelle.

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Source : LSA ( Les Scripts Associés )